Meurtres au manoir, chap 1 (par Ben Wawe)

Publié le par SteF

  Cela faisait 15 minutes que j’étais assis là à le regarder lire. Et j’en avais marre. Non pas que j’étais mal assis, ou bien que je ne voulais pas être là. Non, je m’ennuyais juste beaucoup, beaucoup. J’aurais aimé me lever, marcher ou aller dans la piscine que j’entrevoyais par la fenêtre ! Les plongées des élèves de l’Institut étaient comme une torture pour moi par cette chaude journée d’été. Et l’autre qui lisait toujours ma lettre de motivation ! Je décidai alors de décrypter au mieux ce personnage.

Sa tête était ronde, il n’avait plus de cheveux depuis longtemps. Ses sourcils étaient rasés, je pensais alors qu’ils étaient blonds clairs. Ses yeux étaient bleus ciels. Malgré l’âge avancé de l’homme, ils n’avaient pas perdu leur éclat. Sa bouche était légèrement pincée, mais sa facile ouverture montrait qu’il était habitué aux discours.

Ses doigts étaient rapides et précis. Des marques dans les paumes de ses mains signifiait qu’il les avait beaucoup utilisés. Etrange, car un homme tel que lui n’aurait pas avoir eu à le faire.

Il essayait de se tenir le plus droit possible. Musclé et de taille normale, sa posture indiquait son habitude à se tenir le plus droit possible quand il était assis.

 

[J’ai été handicapé durant un certain temps, jeune homme.]

 

Surpris, je me demandai alors qui me parlait.

 

« Je te parle télépathiquement. J’espère que tu t’habitueras.

-Euh… Oui, je vais essayer, Monsieur.

-Sais-tu qui je suis ?

-Vous êtes le docteur Charles Xavier. Nous sommes dans votre école, où vous aidez les mutants à contrôler leurs pouvoirs. Vous avez révélé il y a peu le fait que vous étiez mutant vous-même, et vos meilleurs élèves, les X-Men, sont ici pour la plupart. Vous êtes un homme calme, passionné, habité par un rêve difficile à réaliser.

-Bien résumé, jeune homme. Ou plutôt devrais-je dire Samuel Keller. Sais-tu que ton dossier et ta lettre de motivation sont très intéressants ? Mais tout cela est superficiel. Parle-moi de toi, Samuel.

-Que voulez-vous savoir ? Je suis un adolescent de 17 ans comme les autres. Bien que français, j’aime bien votre pays.

-Adolescent normal ? Vraiment ? Alors pourquoi es-tu ici ?

-Vous le savez, Monsieur. Je suis un mutant, mais je ne connais pas vraiment mon pouvoir…

-Tu es une énigme pour moi, Samuel. Non pas que ta vie recèle de mystères, mais ton don est unique. Vois-tu, chaque mutant a un don particulier pour une chose bien précise. Et même si il a de multiples pouvoirs, ils ont tous un lien avec ce don. Par exemple, les pouvoirs de feu Magnéto avaient tous un rapport avec le magnétisme.

-Oui, mais en ce qui me concerne ils n’ont pas de liens, n’est ce pas ?

-Non. Tes capacités d’observation sont hors normes. La partie de réflexion de ton cerveau est trois fois plus développée que celle de Henry McCoy. Tes sens sont deux fois plus développés que ceux des humains normaux. Et je ne sais pas pourquoi…

-Bah, je pense que vous réussirez à le comprendre. Puis-je vous poser une question ?

-Bien sûr.

-Pourquoi suis-je ici, maintenant ? J’avais déposé mon dossier pour la rentrée prochaine, et je ne m’attendais pas du tout à être convoqué en plein mois de juillet.

-Tu as dit tout à l’heure que les X-Men étaient ici. Cela est faux, et c’est pour cela que je t’ai fait venir plus tôt.

-J’ai peur de ne pas comprendre.

-Les X-Men sont morts. Cyclope, Phénix, Wolverine, Archangel, Husk, Emma Frost, le Fauve, Véga, le Fléau, Xorn, Diablo. Tous sont morts, tués sur le coup et par le même assaillant.

-Je suis vraiment désolé. Mais Iceberg n’est pas mort ?

-Non, c’est le seul survivant, mais il est dans le coma. Il ne survivra pas.

-Où est-il ?

-A l’infirmerie. J’ai besoin de toi, Samuel.

-En quoi puis-je vous aider ?

-Je veux retrouver celui ou celle qui a fait cela. Mais comme je ne sais pas comment il a tué les X-Men, j’essaye de ne pas utiliser mes pouvoirs pour le détecter. J’ai déjà fait les frais d’un contrôle mental… Mais passons. Comme tu le penses, appeler la police n’est pas une solution. Le gouvernement américain en profiterait pour fouiller l’Institut, ce que je ne veux pas. J’ai donc besoin d’un enquêteur.

-Et c’est là que je rentre en scène. Vous vous êtes soudain souvenus qu’un futur étudiant avait tous les pouvoirs pour être un parfait détective, et vous vous êtes dit qu’il serait parfait pour ce job.

-Je vois que je ne me suis pas trompé. Mais je ne veux pas te forcer la main. Tu es libre de rester ici et d’être un étudiant normal.

-Professeur, vous m’offrez la chance d’utiliser mes pouvoirs pour venger ceux que je considère comme mes héros. J’accepte, Monsieur.

-Très bien. Tu as accès à toutes les salles du manoir. Voici une carte qui facilitera tes déplacements. Bien sûr, les autres élèves ne connaîtront rien de ton vrai but. Il faut que tu sois discret. Personne ne sait encore la vérité.

-Et comment allez-vous la cacher ?

-J’ai dit qu’ils étaient en mission. J’ai rappelé d’anciens élèves pour qu’ils reprennent leurs rôles d’X-Men.

-Mais pourquoi ne pas leur demander d’enquêter ?

-Ils sont trop vulnérables, trop impliqués. Et ils ne possèdent pas tes dons et ne résisteraient pas aux scans mentaux.

-Quoi ? Mais vous m’avez parlé télépathiquement avant !

-Oui, grâce à ce petit appareil que voici. »

 

Le professeur me montra alors une sorte de gros bouton fixé derrière son crâne.

 

« C’est un appareil qui augmente les pouvoirs des télépathes. C’est le dernier qui existe, j’ai détruit les autres. Ainsi, plus personne ne peut plus interférer avec tes pensées. Bon, va t’installer, je te recontacterai. »

 

 

L’homme se leva. Je fis de même. Il marchait plutôt bien pour un ex-handicapé. Il ouvrit la porte, me sourit, et retourna à son bureau. Mais avant qu’il ait pu se retourner, je lui assena un coup de pied dans le bas du dos, puis je le pris à la gorge.

 

« Samuel ? Que fais-tu ?

-On se calme, l’imposteur. Reprends ta vraie forme et après on pourra discuter.

-Quoi ?

-Tu as très bien compris. Je sais que tu n’es pas Xavier. Inutile de continuer ton cinéma, donc reprends ta forme.

-Ok, ok, lâche-moi.

 

Je le lâchai, et l’être changea de forme. Le visage fatigué mais vif se rougit, les vêtements faits sur mesures devinrent un vieux pull et un baggy. Enfin, je vis celui qui m’avait parlé : une sorte de diablotin rouge.

 

« Qui es-tu ?

-Je suis Matthew Blorick, élève ici.

-Où est le prof ?

-Mort. Comme les X-Men. Je ne t’ai pas menti sur ce point.

-Pourquoi as-tu joué cette comédie ? Pourquoi suis-je là ?

-Je vais tout te raconter. Les X-Men et le prof étaient en réunion quand c’est arrivé. Au bout de deux heures, je suis venu voir si Archangel était là, car il était en retard à son cours. Là, après avoir vomi, je pris la décision de cacher la vérité aux autres. Je savais que si la nouvelle circulait, ce serait l’anarchie. Les flics viendraient prendre les infos des ordis. J’ai pris la place du prof…

-Je devine le reste. T’as essayé d’appeler les autres X-Men vivants, mais tu ne savais pas comment. T’as regardé dans les dossiers de l’Institut, et t’as vu qu’un mutant bientôt élève avait tous les atouts pour être inspecteur, donc tu l’as fait venir pour qu’il mène l’enquête.

-C’est ça. Mais comment as-tu su que je n’étais pas le prof ?

-C’est simple. Quand tu m’as demandé qui tu étais, j’ai répondu le DOCTEUR Charles Xavier. Or, il est professeur. Ensuite, ta pauvre histoire sur le fait que je serais insensible à la télépathie ne tenait pas la route. De même, ton augmentateur de pouvoir est en fait un mini-micro. J’ai étudié à fond les inventions du Fauve et de Forge.  Et enfin, il était trop facile de voir que tu ne me parlais pas télépathiquement au début.

-Pourquoi ?

-Parce que ma montre indique les ondes émises à 100 mètres à la ronde, et elle a vibrée, signe qu’il y avait émission. Donc tu faisais parler un magnétophone, et tu espérais que je penserais comme tout le monde « il n’était pas handicapé avant ? ». Ca a failli marcher.

-Bien pensé, mais c’est faux.

-Ah ?

-Oui, c’est moi qui ai parlé. »

 

Une fille sortit soudain de derrière un rideau. Etonnant que je ne l’ai pas remarquée avant. Elle portait un foulard autour du cou.

« Qui es-tu ?

-Je me nomme Irina, et j’aide Matt.

-A quoi faire ?

-C’est moi qui t’ai fait croire qu’on te parlait télépathiquement.

-Comment ?

-Grâce à ça. »

 

Elle enleva son foulard, révélant ainsi une demi-douzaine de bouches.

« C’est ma mutation, je peux parler avec chacune d’elles.

-C’est pas mal.

-Merci, Irina. Alors, tu vas nous aider, Samuel ?

-A quoi ?

-Ben, à trouver l’assassin des X-Men.

-Attends, tu veux que nous trois nous trouvions et arrêtions celui qui a tué les X-Men ?

-Ouais.

-T’es dingue. Et je suis encore plus dingue d’accepter. Bon, on fait quoi ?

-Je vais te filer des fringues. Ensuite, je sais pas.

-Ok, j’te suis. »

 

Je suivis donc Irina et Matt. Ce dernier changea de forme pour redevenir Xavier. Il avait eu une bonne idée, mais je doutais qu’il puisse tenir ce rôle longtemps. De plus, il semblait ne  rien connaître de la vie de l’Institut, ce qui risquait d’être embêtant si Xavier devait rendre des comptes au Ministère de l’Education. Les deux élèves m’invitèrent à prendre un ascenseur.

On arriva à une salle du sous-sol, froide et métallique. Un grand X était gravé sur la porte.

 

«Il me faut plus d’infos sur les crimes.

-On n’a pas touché à la scène. J’ai fait isoler cette partie de l’Institut.

-Depuis quand sont-ils morts ?

-Une semaine.

-Wow, ça doit puer. Bon, je vais prendre des masques à gaz et on va jeter un coup d’œil.

-On ?

-Oui, vous allez m’accompagner. On est dans la même galère.»

 

Mais Irina nous quitta pour aller voir une amie. Je crois plutôt qu’elle n’aurait pas supporté la vue du massacre. Tout en marchant, je discutais avec Matt. Je me demandais vraiment pourquoi j’avais accepté de les aider, lui et sa petite amie. Après tout, ce n’était pas mes affaires. J’aurais pu être tranquillement chez moi, avec mes parents, mes amis, mon ordi, à faire du foot et à regarder la Coupe d’Europe. Et non, j’étais en train de marcher vers un lieu puant où gisaient mes héros. Pourquoi ? Parce que je voulais savoir qui avait fait cela, et que je voulais venger les X-Men.

 

On arriva alors à une porte close. Un drôle de sentiment s’empara de moi quand Matt/Xavier allait ouvrir la porte. Une sorte de cri d’alarme s’était déclenché en moi, mais je ne voulais pas l’écouter. Je le regretterai jusqu’à la fin de ma vie.

Ce que je vis alors, je ne pourrais jamais l’oublier. Les X-Men étaient là, par terre, dans leur sang. Une odeur infect se dégageait des corps, et nous la sentions même sous nos masques. J’eus alors un mouvement de recul, et pendant quelques secondes, je me sentis tomber dans les pommes. Matt me retint, et je repris mes esprits.

 

« Matt, il va falloir que tu m’aides.

-A…A quoi ?

-Tu vas noter ce que je vais dire. Je vais procéder à un examen de la pièce et des corps. »

 

Je sentis Matt souffler. Apparemment, il était heureux que je m’en charge. Vous vous demandez sûrement comment un gamin tel que moi pouvait ainsi prendre la direction des opérations, et comment je savais ce qu’il fallait faire. C’est très simple : mon père était flic, et j’ai toujours voulu l’être également. Dès l’enfance, je me suis passionné pour la criminologie. J’ai su très tôt ce qu’il fallait faire ou ne pas faire dans ces circonstances. Dès lors, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Même si il y avait alors plus de sang que d’eau dans la pièce.

 

« Tu prends note, ok ? Et te gêne pas pour poser des questions.

-Ok.

-Bon. Les corps sont éparpillés anarchiquement, aucun indice de disposition rituelle. La fenêtre est cassée : les agresseurs ont dû venir par là. Les meubles ne sont pratiquement pas bougés, et il y a peu de traces de lutte. Ils sont morts rapidement. Tu suis ?

-Oui oui.

-Bien. Le professeur Xavier est mort dans son fauteuil, tué d’une balle de sniper. Il a sûrement été le premier à mourir, vu son pouvoir.

-Il n’a pas détecté les pensées du tireur ?

-Il devait sûrement avoir un inhibiteur sur lui.

-Sûrement.

-Archangel se tenait le plus près du prof. Il a été tué par un coup d’arme blanche dans le ventre. Il a apparemment été tué quand il volait, car ses ailes sont abîmées, signe qu’il est tombé dessus. Phénix ne présente pas de traces physiques. Je pencherais sur une attaque psychique, ou bien une bombe placée dans sa nourriture ou quelque chose dans le genre. Wolverine a eu la tête tranchée, mais l’état du coup montre que la coupure est net, donc un travail au laser. En observant bien la visière de Cyclope, on voit qu’elle est défectueuse.

-Pourquoi ?

-Il y a trois boutons au lieu de deux. Mais le troisième est caché près de celui d’ouverture, et Cyclope a dû appuyer dessus sans faire exprès. Ce troisième bouton a fait dévier la trajectoire de la rafale optique. Wolverine a donc été tué par Cyclope sans que ce dernier ne le veuille.

-Comment Cyclope est-il mort ?

-Il a été carbonisé. Husk a reçu trois balles dans le cœur, sûrement peu après la mort de Xavier. Le casque de Xorn a explosé, faisant ainsi mourir la tête de Xorn.

-Pourquoi ?

-Je ne sais pas. Apparemment, sa tête était une sorte de réacteur nucléaire.

-Wow.

-Oui, bizarre. Diablo a certainement essayé de dérouter ses ennemis en se téléportant, mais ils ont dû utiliser un brouilleur de pouvoir : c’est pour cela que son torse et sa tête sont de ce côté du mur. L’autre partie doit être dans la pièce à côté. Il a dû mourir dans d’atroces souffrances.

-Déjà que sa vie n’a pas dû être facile…

-Oui. On continue ! Ca devient de plus en plus dur…

-Oui, vivement qu’on finisse.

-Emma Frost a aussi reçue une balle, mais dans la tête. Elle n’a pas eu le temps de se transformer en diamant. Le Fléau a été brûlé dans son costume, donc il a été trafiqué à l’avance. Véga a eu la gorge tranchée, et le Fauve n’a pas de lésions apparentes. Je prends 2-3 clichés et on y va. »

 

Matt et moi sortîmes de cette pièce qui représentait pour nous la mort. En nous regardant, nous vîmes que nous venions de passer un des moments les plus durs de notre existence.

 

« Dis-moi qu’on n’y retournera plus, Samuel.

-Je ne peux te le promettre…

-Eh ! Tu entends ?

-Oui, des cris…

 

En effet, des hurlements venaient d’être émis dans l’aile opposée à la nôtre. Exactement dans l’aile où se trouvait Irina. Matt courut pour voir ce qui se passait. Pour cela, il était redevenu lui-même. Je le suivis le plus vite que je pouvais, tout en autant mon masque à gaz. Quand nous arrivâmes au dortoir des filles, nous devînmes muets de peur et d’horreur. En effet, devant nous, une demi-douzaine de filles étaient mortes. Irina était tenue par un grand homme blond. Comme je connaissais à fond mes idoles et leurs ennemis, je n’eus aucun mal à le reconnaître. Le mutant qui tenait Irina inanimée était le grand ennemi de Wolverine : Dents de Sabre en personne !

 

FIN DE LA PREMIERE PARTIE

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